Les pièges du marché de l’automobile ancienne

Le nombre de voitures anciennes enregistrées sur les routes françaises ne cesse d’augmenter. Et avec le boom de l’automobile de collection, les escroqueries qui plombent ce marché estimé à des milliards d’euros, sont également en augmentation. La fraude y est en effet monnaie courante.

Lors d’une enquête récente, Classic Trader a interrogé plus de 300 acheteurs et vendeurs de voitures anciennes sur les dangers et les risques liés à l’achat d’une voiture de collection. 35 % des répondants ont ainsi déclaré avoir déjà été victime d’une escroquerie lors d’un achat de voiture ancienne.

Comment réussir à coup sûr son prochain achat de voiture classique en évitant les fraudes et les escroqueries qui minent le marché ? Les données et infographies suivantes vous donneront les réponses à toutes vos questions !

Les fondamentaux : qui sont les acheteurs de voitures anciennes ?

Il faut souligner que les amoureux des voitures de collection sont en grande majorité des hommes. En effet, selon l'enquête menée par Classic Trader, près de 96 % des acheteurs de voitures anciennes sont des hommes, 4 % des femmes et moins de 1 % déclarent n’appartenir à aucun des deux sexes. Le groupe le plus représenté est celui des 41 à 50 ans, avec près de 35 % et le moins représenté est - comme on s’y attendait - celui des moins de 21 ans, avec seulement 0,5 %.

41 % des personnes interrogées ont déclaré avoir acheté entre une et trois voitures classiques au cours de leur vie. Pour ce groupe, l’achat est simplement motivé par un amour des automobiles de collection ou par l’utilité de posséder un deuxième véhicule. La situation est différente pour les 60 % restants qui ont acheté plus de trois voitures classiques : ce sont soit des concessionnaires, soit des fans qui spéculent sur l'augmentation de la valeur de leurs véhicules. Cette hypothèse est corroborée par le faible nombre de vendeurs : 41 % des personnes interrogées ont indiqué n'avoir jamais vendu de voiture ancienne auparavant. En période de faibles taux d'intérêt bancaires, c'est une opération justifiée... mais risquée !

La fraude lors de l’achat d’une voiture ancienne

L’amour que portent les acheteurs pour les voitures de collection ne les protège pas du risque de fraude ! Comme le montre l’enquête, l’escroquerie est monnaie courante. Près de 35 % des personnes interrogées ont indiqué avoir déjà été victimes d’escroquerie au moins une fois lors d’un précédent achat : 44 % lors d’une transaction à l’étranger et 70 % lors d’un achat dans l’Hexagone.

Le plus grand risque est souvent lié à l’existence de vices cachés. Plus de 80 % des acheteurs concernés ont ainsi déclarés avoir acquis un véhicule dont les défauts n’étaient pas visibles au moment de la vente. Les autres cas de fraudes incluent les véhicules accidentés camouflés (33 %) et les compteurs de vitesse manipulés (18 %). Dans certains cas, les réparations peuvent atteindre des coûts supérieurs au prix de la voiture elle-même.

De même, si une vente est conclue et que l’argent est transféré, il devient quasiment impossible de le récupérer. Un risque fort coûteux bien que très rare est celui de la fraude en matière de paiement : 2% des personnes interrogées ont déclaré avoir déjà eu affaire à de faux comptes séquestre ou à des transferts frauduleux.

Etant donné le large éventail de prix des véhicules, il est difficile de déterminer une valeur moyenne des dommages financiers engendrés. Au total, le préjudice financier subi par l'ensemble des personnes interrogées est supérieur à 700 000 euros avec une moyenne d'environ 8 500 euros.

Les pièges à éviter

L'évaluation subjective des principaux risques liés à l'achat d'une voiture ancienne découle des cas de fraude dont ont été victimes les personnes interrogées. Pour 77 % des répondants, les vices cachés représentent le plus grand risque, suivis des accidents cachés (61 %) et des indicateurs de vitesse manipulés (près de 40 %). Ces risques touchent le plus souvent les non-professionnels - mais pas seulement.

Près de 18 % des répondants considèrent également que le traitement des paiements est passablement risqué. En effet, de nombreux témoignages font état d’acomptes frauduleux, de faux agents fiduciaires ou encore de papiers falsifiés. De même, le malaise ressenti en conduisant une quantité importante d'espèces à l'étranger renforce encore cette impression. En ce qui concerne cette fois la vente de voitures anciennes, jusqu'à 25 % des personnes interrogées estime que le plus grand danger se situe dans la gestion des paiements.

La transaction

Plus de 81 % des personnes interrogées ont indiqué avoir réglé au moins un de leurs achats de voiture ancienne en espèces. 34 % des répondants ont déclaré avoir procédé par virement bancaire tandis que seuls 3 % ont fait appel à un service de dépôt fiduciaire ou à un compte séquestre d’avocat. L’analyse de l’évaluation des méthodes de paiement par les répondants permet de comprendre les raisons derrière le choix de telle ou telle méthode de paiement.

86 % des personnes interrogées indiquent que le paiement en espèces est la méthode la plus simple pour l’achat d’une voiture vintage. Cette méthode est également la moins chère. Toutefois, il faut souligner qu’il est recommandé de ne jamais se déplacer avec de larges sommes d’argent en liquide sur soi.

S’agissant de la sécurité perçue, cette méthode n’est surpassée que par le compte séquestre d’avocat: plus de 65 % ont choisi ce mode de paiement comme moyen de transaction le plus sûr.

Le service de dépôt fiduciaire (53 %) a quant à lui été nommé au troisième rang.

Ces deux dernières méthodes sont les moins choisies malgré leur grand niveau de sécurité en raison de leur complexité (les deux méthodes de paiement ont été jugées trop lourdes par 68 % des répondants) et des coûts associés (70 % des répondants ont jugé que le compte séquestre d'avocat était coûteux ou très coûteux). Toutefois, dans le cas des services de dépôt fiduciaire, la prudence est de mise. Cela est particulièrement vrai dans le cas des transporteurs qui prétendent agir en qualité d'agents fiduciaires. Souvent, les transitaires commissionnés n'existent tout simplement pas ou ont une fausse présence sur Internet et disparaissent immédiatement après le transfert de fonds pour réapparaître ailleurs par la suite.

Conclusion

Pour les amoureux des voitures, collectionneurs comme investisseurs, l’achat d’un véhicule vintage requiert non seulement un investissement financier important mais également une certaine appétence pour le risque. En effet, une large proportion des personnes interrogées - 35 % pour être exact - a déjà été victime d’escroquerie lors de l’achat d’une voiture ancienne. Et lorsque l’automobile achetée se révèle être viciée ou si le supposé vendeur ne donne plus signe de vie à la suite du premier transfert d’argent, il est quasiment impossible de récupérer son argent.

Il existe plusieurs sources de fraude possibles. Bien souvent, seul un expert chevronné est capable de détecter des défauts cachés. Avec la plupart des offres que l’on trouve sur Internet, la caution est de mise. Dans tous les cas, il est important de ne pas procéder à des acomptes vers des comptes séquestre ou en liquide. Il est également prudent de demander à ce que le véhicule soit inspecté par un expert indépendant avant la conclusion de la vente. De même, il convient de faire attention à des clauses inintelligibles dans le contrat et de suivre le dicton “de l’argent contre des biens”. En règle générale, si “c’est trop beau pour être vrai” alors ce n’est sûrement pas vrai.